Ca ne faisait pas une minute que la fille me parlait que déjà je n'écoutais plus. Mickaël entendait la voix féminine, et je ne doutais pas que son cerveau allait trouver une réponse adaptée. Moi, j'étais parti.
C'est un peu comme si j'étais arrivé à un embranchement. D'un côté, je pouvais continuer d'entendre les bruits alentours et écouter la personne s'adressant à Mickaël; d'un autre, je pouvais baisser complètement le son et aller faire autre chose, ailleurs.
Je m'engage, un peu, puis m'arrête. Je regarde derrière. Déjà tant de chemin parcouru. Je jette un oeil sur l'autre voie. Comment m'en suis-je éloigné? Suis-je fou?
Je reprends la route. Mickaël, lui, enchaîne des opérations basiques.
J'arrive devant un article en promotion. 12 paquets de Prince au prix de 8. Je suis serré dans ce jean. En fait, non. Je suis serré dans tout ce que je mets, n'en déplaise aux personnes qui, invariablement, pensent que je suis un fil de fer. Ca fait tellement longtemps que je n'ai pas trempé un Prince dans une tasse de lait froid... Que s'était-il passé?
Bah, Mickaël s'est fait volé son vélo, a déménagé dans un endroit où ce n'était ni aussi facile ni aussi agréable d'en faire, et est passé d'un travail physique à un travail ultra merdique. Mais je m'emporte, je m'emporte.
Enfin tant pis, la mort par le chocolat et le sucre attendra.
Le problème, c'est que ce chemin, je le connais. A force de l'emprunter tous les jours, je le connais même parfaitement bien. Je sais où il tourne, où sont les endroits ensoleillés, où il pleut. Je sais aussi que je ne dois pas "aller là". Mais c'est trop tard, je suis en route.