Actuellement, ce qui est dur pour moi (chômage et aléas de la vie mis à part), c'est d'atteindre l'heure de dormir. En effet, bien que me levant vers 7h30 (a une grosse demi-heure près), j'ai plaisir à remplir sainement (ou pas) ma matinée:
Je m'extirpe de mon lit de merde qui est en train - avec mon consentement - de me ruiner le dos de façon magistrale, et vais préparer mon petit déjeuner. J'apprécie son contenu (café soluble très doux, kiwi pas mûr, clémentine sucrée, gateaux à la figue), mais aussi son contenant, à savoir un plateau de mauvaise qualité mais dont j'aime les décorations et le poids, et un choix de mugs offerts par des gens importants.
Quand j'ai de la chance, comme c'est le cas ces derniers jours, Youtube me propose une ou plusieurs vidéos pour m'occuper la tête pendant que je me régale.
Café aidant, je vais soulager mes intestins et en profite pour vister les reseaux Twitter et Facebook. Facebook me fait chier.
De retour sur ma centrale nucléaire, je consulte rapidement mes sites favoris, très diversifiés. Malheureusement, peu de nouveautés d'un jour à l'autre.
Examination des offres d'emploi disponibles. Même cette phrase est plus intéressante que les propositions.
Je me roule une cigarette. Je confesse que j'ai plaisir à rassembler les différents éléments qui la composent, à savoir le tabac, bien sûr, mais aussi la feuille et le filtre. C'est un petit jeu mélé de défi qui consiste à la confectionner le mieux possible, en dosant correctement la quantité de plante, puis en faisant preuve de dextérité lors du roulage. Cependant, une fois mon chef d'oeuvre terminé, je ne le consomme pas immédiatement.
D'abord, il me faut revenir aux sources. Méditer sainement. Flatter mon corps. Me libérer du stress. Chercher la grandeur d'âme qui sommeille en moi. En bref, pratiquer l'onanisme.
Ce n'est qu'après avoir judicieusement utilisé l'Internet pour ce génocide journalier que je m'en vais à la cuisine pour m'y suicider à petites bouffées.
Fébrile, les jambes tremblantes et la tête qui tourne, je retourne me vautrer sur mon fauteuil abimé. J'y passe l'heure qui suit, à jouer ou papoter, selon ma veine du moment.
Brossage de dentition. Une haleine fraiche et des dents propres, ça vous change un Homme.
Faisant preuve d'un courage et d'une motivation sortis de nulle part, je déroule le tapis de mousse bleue qui me sert à faire ma petite gym quotidienne. Galaxy Note, mon fidèle compagnon jusqu'à sa future prise de conscience, me donne le rythme via une vidéo que je regardais déjà du temps de l'iPhone. Ainsi, tous les jours je m'étonne d'arriver de plus en plus facilement à faire des pompes, et tous les jours je m'exclame 'Putain mais POURQUOI j'ai tant mal au dos'. D'épuisement, mes yeux roulent et tombent sur le canapé-lit, et je me rappelle.
Je sépare ensuite mon corps gras de mon pyjama trimestriel, et me dirige vers la baignoire, en prenant soin de bien oublier la serviette dans ma chambre. L'eau coule longtemps, je maudis périodiquement la chaudière pour ses changements d'humeur fréquents, puis me savonne avec un shampoing bio dont je croule sous les échantillons, récupérés à mon ancien boulot. Je me rince, peste à nouveau contre le soit disant dispositif de chauffage, grimace et vocifère après le gros blaireau dans le miroir avant de courir comme un idiot pour chercher ma serviette.
Généralement, c'est quasiment l'heure de manger, et c'est avec le même plaisir que celui qui m'habite au réveil que je vais préparer mon déjeuner. Bien plus chargé en protéines que lors de mes premiers mois à Brest (et Dieu sait qu'ils sont nombreux), je tente de ne pas me surcharger de féculents et accompagne tous les repas de salade. Le plateau prêt, je retourne me poser devant le PC, et c'est lorsque la dernière cuillère de compote de pomme a été avalée que le 'cauchemar' commence.
Car oui, il est à peine 13h. Quand j'ai de la chance et qu'il ne pleut pas - ce qui est rarissime en ce moment - je peux aller faire quelques courses, ce qui m'occupe une petite heure. Dans le cas contraire, je suis presque soulagé de devoir retourner pour la énième fois à l'évier pour y laver la vaisselle. Mais ensuite... Le vide. Les vidéos ont été regardées, les parties faites (je peux habituellement jouer toute la journée mais, seul, ça finit par être lassant), ce qui doit être impérativement propre et rangé l'est approximativement...
Le vide.
Là encore, ces derniers temps j'ai quand même du bol, j'arrive plus ou moins à ne pas être seul trop longtemps. Que ce soit pour papoter ou jouer, j'ai souvent un contact providentiel qui vient égayer une partie de mon après-midi. Mais malgré ça, plus les heures passent, plus le temps est long.
Le pire, c'est quand arrive le soir, lorsqu'il est trop tard pour aller dans un magasin pour perdre son temps devant des produits hors de prix, lorsqu'il est trop tard pour téléphoner à qui que ce soit sans déranger.
Je vais alors à la fenêtre pour fumer une dernière fois, et observe tristement l'extérieur. Dans ma gorge trop silencieuse, un goût de tabac, chargé de culpabilité et de souvenirs. A mes oreilles attentives parviennent les rires de rares passants. Mes yeux avides sont attirés par les quelques appartemments voisins diffusants encore des lumières; vives pour les organisateurs de soirée, tamisées pour les adeptes de la télé. Mon nez curieux est irrité par une festive odeur de barbecue dont je ne peux définir l'origine avec précision. Sur ma peau délaissée glisse l'air froid et humide de la solitude méritée.
...
Avant-hier soir, cependant, elle m'a appelé. Quand elle est partie, il y a maintenant plusieurs années, je ne pensais pas qu'un jour elle réapparaitrait. Je n'ai pas répondu, je ne suis pas vraiment sûr de vouloir renouer avec elle. Peut être qu'un jour je vais craquer, j'aurai besoin d'elle et je reprendrai contact, mais pas pour l'instant. En tout cas, je sais au fond de moi qu'elle sera là quand il faudra, et c'est réconfortant, même si au final ça ne change pas grandement ma situation.
...
On est le 21/12, il faut continuer, recommencer tout ce que je vous ai exposé plus haut, car ce n'était pas réellement la fin du monde.
Et pourtant, aujourd'hui, vraiment, c'est la fin d'un monde.